Les images sont partout, les images se ressemblent. Elles saturent nos écrans et nos rues, elles se font le véhicule des normes qui pèsent sur nos vies. Elles participent ainsi au lissage de nos comportements, influant sur nos façons de pleurer et d’aimer, nous indiquant comment marcher, rire, être heureux·se. Pourtant, Léo Boudet est convaincu·e qu’elles peuvent aussi être des armes de libération pour pouvoir devenir des terrains de jeu. 
C’est à partir de cette conviction qu’est né ce projet de solo. Pour détourner l’influence normative des images, il plonge dans le compost d’images qui l’habite, à la recherche de celles qui sont fécondes et libératrices. Dans cette exploration, il a remarqué que les images qui ont laissé les traces les plus vives sont celles d’acteur·ices qui ne cherchent pas le naturel à tout prix, mais qui se fabriquent consciemment à partir d’images empruntées, des acteur·ices qui travaillent comme des danseur·euses. 
Sur scène, seul·e, il joue à se vêtir de leurs performances, à les imiter simultanément, comme une créature faite de multiples surimpressions. Le corps agit comme s’il était filmé en gros-plan : le regard et chaque petit geste comptent, reproduisant le degré d’attention et de minutie propre au jeu cinématographique. Les spectateur·ices sont comme des caméras témoins des passages d’une image à l’autre dans le corps du danseur.
Loin du naturalisme dominant du cinéma et de la publicité, ce spectacle invite à se fabriquer sans cesse, pour que tout un chacun puisse se souvenir que nous avons le droit, comme les acteur·ices de nous inventer.